Reportage: Almir Suruí, un homme qui fait sa part pour protéger l’Amazonie

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Almir Suruí (Photo: Magali Girardin / Aquaverde)

C’est un invité d’exception que Paris a eu l’honneur d’accueillir le mois dernier. Almir Narayamoga Suruí est le chef des Paiter Suruí, un peuple indigène situé dans l’Etat du Rondônia, au coeur de l’Amazonie brésilienne. Cette tribu compte aujourd’hui environ mille quatre cents âmes mais il y a encore quelques décennies, elles étaient plus de cinq milles. C’était avant le premier contact avec le monde moderne et l’homme blanc, en 1969. Seulement deux cent quarante d’entre eux avaient alors survécu aux épidémies causées par cette rencontre. Depuis, Almir et son peuple sont contraints de faire face à de nombreuses invasions illégales sur la Terra Indigena Sete de Setembro, nom de leur territoire: colons, bûcherons illégaux et agriculteurs principalement. Une menace qui met en péril l’accès aux ressources naturelles de leurs terres: faune, flore mais également lieux sacrés sont en danger.

Rencontre avec Almir Suruí au Salon du Livre

A l’occasion de la publication de son livre “Sauver la Planète” le 5 mars dernier, coécrit avec Corine Sombrum, Almir s’est arrêté quelques jours en France. Invité à participer à de nombreuses interviews (presse écrite, radio, télévision), il a également répondu présent à un événement incontournable: le Salon du Livre. “Sauver la Planète” se présente comme un testament, un témoignage destiné en tout premier lieu à ses enfants, au cas où quelque chose viendrait à lui arriver. La tête d’Almir est mise à prix depuis plusieurs années, par des madereiros qui n’apprécient guère le combat qu’il mène pour garder la forêt sur pied. Au Salon du Livre, le chef des Paiter Suruí nous parle du rôle de la forêt et de son importance pour son peuple, “pour nous, la forêt c’est tout”, et souligne la nécessité de communiquer et informer.

Ce reportage vidéo a été réalisé au Salon du Livre, les 21 et 22 mars derniers

Almir Suruí a déjà visité trente-cinq pays. Il continue son périple, soucieux de transmettre son message au monde entier: que chacun fasse sa part, comme lui et son peuple le font, pour que l’Amazonie et ses habitants puissent continuer à vivre en harmonie. En 2013, il reçoit le Prix “Héros de la forêt” décerné par les Nations Unies.

Les Paiter Suruí et leur utilisation des nouvelles technologies pour lutter contre la déforestation

©Almir Suruí
Photo originale: Lens and Pens (source) / Affiche: Almir Suruí

Les Paiter Suruí sont souvent qualifiés d’indiens “high tech” par la presse internationale. Et pour cause. Avant d’être évacué aux Etats-Unis pour sa protection, Almir se connecte pour la première fois à Google Earth. Il n’y trouve absolument aucune information sur le territoire de son peuple, alors qualifié de “terre inhabitée”. Un territoire pourtant si riche en ressources naturelles et humaines, en traditions ancestrales. En 2007, alors qu’il se rend en Californie pour donner des conférences, il rencontre la directrice de Google Earth Outreach, Rebecca Moore. Il monte alors un partenariat avec le géant américain pour créer une carte interactive historique et culturelle du territoire Suruí. Ainsi, le monde saura que leur territoire est tout sauf “inhabité”.

“Cultura anda, cultura avança”

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Photo: Aquaverde

Depuis 2009, les jeunes de sa tribu ont appris à manier un outil technologique de partage de données pour smartphone, l’Open Data Kit, afin d’alerter le gouvernement brésilien des cas d’abattage illégal sur leur territoire. L’Etat du Rondônia est l’un des plus touchés par la déforestation (Imazon, 2014). Par ailleurs, pour communiquer et faire connaître leur cause, ils utilisent aisément Facebook et Twitter (voir les pages Facebook: Almir Suruí, Paiter Suruí). Si certains considèrent que les nouvelles technologies pourraient en finir avec la culture traditionnelle des Paiter Suruí, Almir leur répond que “la culture évolue, la culture avance“. Nous sommes, dit-il, au 21ème siècle et aujourd’hui, la technologie peut nous aider.

Il y a des rencontres qui vous marquent. Almir Narayamoga Suruí en fait partie. Son dévouement et sa sincérité font de lui le digne messager de la forêt amazonienne. Ses paroles sont lues et entendues. Aucun doute, le message passe.

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